L’échec de notre société à protéger les déplacements à pied
Texte paru dans notre infolettre du 10 septembre 2024.
Points de vue | 10 sept. 2024
Nous avions prévu amorcer cette infolettre sous la bonne humeur, tout en vous souhaitant une bonne rentrée, mais en raison des événements des derniers jours, nous ne pouvions passer sous silence ce que nous avons observé. Vous avez sûrement remarqué, comme nous, que plusieurs enfants n’ont pas été en mesure de se déplacer à pied en toute sécurité dans les dernières semaines. Ces jeunes avaient 3, 5, 6, 13 et 15 ans et ont été victimes de collisions. Cinq tragédies évitables.
Bien que ces tragédies médiatisées méritent une attention particulière, elles ne dressent malheureusement pas un portrait complet de la situation. Il ne faut pas oublier que des personnes de tous âges sont victimes de collisions, notamment les personnes de 65 ans et plus qui sont d’ailleurs surreprésentées chaque année dans le bilan routier.
Tous les jours, nous faillons à notre devoir, comme société, de fournir un espace sécurisé pour des déplacements actifs.
C’est pourquoi nous devons poursuivre la mise en œuvre de mesures structurantes qui agissent sur l’aménagement de nos routes, afin de briser le cercle de l’insécurité routière. En investissant dans des options alternatives aux déplacements en auto solo, tels des trottoirs et des mesures d’apaisement de la circulation, un transport collectif efficace et abordable, des pistes cyclables sécuritaires, des incitatifs à l’autopartage, et en misant sur un urbanisme visant la compacité et la proximité, nous pourrons réduire le risque à la source, soit le nombre de véhicules sur nos routes.
Car, il est facile de tomber dans le piège et de considérer les déplacements en voiture comme une solution à l’insécurité. Afin d’encourager le cercle vertueux de la sécurité routière, nous devons continuer de promouvoir les déplacements à pied, notamment vers l’école.
Nous nous sommes dotés d’outils au Québec pour y arriver : l’adoption de l’approche Vision zéro décès et blessés graves, le Plan d’action en sécurité routière, les réformes du Code de la sécurité routière, la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, la Politique de mobilité durable, etc. Maintenant, il faut accélérer le rythme de nos interventions et revoir nos priorités. Plutôt que de continuer à viser une fluidité automobile, nous devons d’abord viser la sécurité des déplacements des personnes les plus vulnérables sur nos routes.